Constantinople a été successivement la capitale de l'Empire romain d'Orient, dit Empire byzantin, du IVe au XVe siècle, et la capitale de l'Empire ottoman, du XVe au XXe siècle, deux empires qui ont marqué l'histoire.
Quand on se promène du côté de l'At Meydanı, vaste esplanade plantée d'arbres près de la Mosquée Bleue, on a du mal à s'imaginer qu'on est sur le site d'un hippodrome romain qui pouvait accueillir 100 000 personnes. C'était le centre de la vie byzantine et c'est là qu'est née la Nouvelle Rome en l'an 330.
L'At Meydanı sur le site de l'hippodrome romain.
Rien de particulier à voir si ce n'est deux obélisques rapportés d'Egypte dont l'un en granit rose érigé au temps de l'empereur Théodose le Grand en 390.
L'obélisque provenant du temple d'Amon-Rê à Karnak (1500 av. J.-C.).
A la base, on peut voir un bas-relief représentant l'empereur Théodose, installé à la tribune impériale de l'hippodrome avec sa famille, remettant une couronne au vainqueur de la course.
Bas-relief de l'obélisque (IVe siècle).
Au XVe siècle, Constantinople est devenue la capitale de l'Empire ottoman, un empire immense puisqu'il incluait la Turquie actuelle, les Balkans, le pourtour de la Mer Noire et une grande partie du bassin méditerranéen.
La carte de l'Empire ottoman du XVe au XVIIe siècle.
A mes yeux, le palais de Topkapı représente bien le pouvoir et la puissance de cet empire.
Le palais de Topkapı dans son écrin de verdure (XVe-XIXe siècles).
Deuxième plus grand palais du monde à l'époque (après le palais impérial de Pékin), il a été la résidence des sultans et de leur famille pendant près de quatre siècles. Il regorge de magnificence et de luxe. Pour s'en convaincre, il suffit de visiter les quatre cours successives et de voir les portes monumentales qui en constituent l'entrée.
La porte de l'Auguste qui s'ouvre sur la première cour ou place des cérémonies (1478).
La porte du Milieu qui s'ouvre sur la deuxième cour ou place du Divan (1524).
Si la première cour avait pour fonction d'accueillir les visiteurs qui y laissaient leur monture, la seconde cour était essentiellement utilisée par le sultan pour rendre la justice. Elle était donc conçue pour impressionner. Dans le récit qu'il fait de sa visite au sultan en 1573, l'ambassadeur français Philippe du Fresne-Canaye raconte l'alignement des janissaires le long du mur, leurs turbans comme des épis de maïs, les mains jointes devant eux, comme des moines, restant immobiles et silencieux durant plus de sept heures, comme des statues.
Le sultan Selim III accordant une audience devant la porte de la Félicité (peinture à l'huile, vers 1800).
La porte de la Félicité s'ouvre sur la cour intérieure ou troisième cour, où commencent les appartements privés du sultan. Nul ne pouvait passer cette porte sans l'autorisation du sultan. Même le grand vizir n'était autorisé à franchir la porte que selon des horaires et à des conditions bien spécifiées.
La porte de la Félicité (XVIe siècle).
Le quartier privé du palais réservé à la famille impériale, aussi appelé harem, respirent la magnificence et le luxe. Il faut voir, notamment, les appartements de la sultane mère décorés de faïence ottomane et de peintures murales.
Les appartements de la sultane mère (fin XVIe siècle).
Ou encore le hall impérial qui accueillait réceptions officielles et fêtes.
Le hall impérial (fin XVIe siècle).
Le goût du luxe se retrouve jusque dans les robinets en or de la baignoire du sultan...
La baignoire en marbre du hammam du sultan (XVIe siècle).
Les appartements du Prince héritier ne sont pas en reste avec leurs murs entièrement recouverts de faïence d'Iznik.
Les appartements du Prince héritier (fin XVIe siècle).
Autre luxe, et non des moindres, la vue sur la Corne d'Or d'un côté et le Bosphore de l'autre.
Vue sur le Bosphore depuis la terrasse du Kiosque d'Abdul Mecit (XIXe siècle).
Visiter le trésor impérial et son incroyable collection d'objets précieux utilisés à l'époque dans le palais permet de mieux se rendre compte du faste de la Cour ottomane. Malheureusement, les photos étant interdites, vous ne verrez aucun des objets présentés. J'aurais pourtant aimé vous montrer l'épée de Soliman le Magnifique, ornée d'or, de rubis et de turquoises, le trône d'Ahmet Ier, en bois incrusté de nacre, la dague de Topkapı, sertie d'émeraudes, le cinquième plus gros diamant du monde (86 carats), etc. La liste serait longue.
Plus loin se trouve la salle des reliques. Mais là encore, les photos sont interdites. On y voit l'empreinte du pied et le manteau sacré du prophète Mahomet et des objets très inattendus comme des poils de sa barbe conservés dans des petites fioles de verre, ou encore le bâton de Moïse (oui, celui-là même qu'il a utilisé pour ouvrir la Mer Rouge et la refermer sur ses poursuivants ! C'était à peu près 1300 ans avant J.-C.). On peut se demander comment ces reliques ont réussi à traverser le temps, mais après tout, on n'est pas à un miracle près...
Au XIXe siècle, le palais de Topkapı sera abandonné au profit du palais baroque de Dolmabahçe qui se voulait plus moderne et surtout encore plus luxueux...
Le palais de Dolmabahçe sur les rives du Bosphore (XIXe siècle).
Pas de photos de l'intérieur là non plus mais pour une raison bien différente. En effet, le dernier jour de mon séjour en Turquie, je suis arrivé en retard et le palais venait de fermer. Il faut dire que je m'étais un peu attardé au hammam (trois heures tout de même) et entre la sudation, les bains et les massages, je n'ai pas vu le temps passer... Ce sera donc pour une autre fois !