En arrivant à Kastamonu, je demande l'ögretmenevi (la Maison des Enseignants), un lieu d'hébergement réservé aux professeurs turcs qui enseignent loin de chez eux et qui, en période de vacances scolaires, s'ouvre à tout un chacun. Je montre ma carte d'enseignant et pour 20 YTL, soit l'équivalent de 10,50 Euros, je me retrouve dans un hôtel climatisé trois étoiles avec une chambre double pour moi tout seul. Voilà ce que j'appelle un bon plan... J'en profite en prévision des conditions de logement plus rudes à l'Est du pays...
La carte de Turquie avec Kastamonu en point de mire.
Dire que j'ai adoré Kastamonu serait un bien grand mot mais j'y ai vu et appris des choses intéressantes. Et puis, j'ai le souvenir d'un petit-déjeuner parmi les plus roboratifs qu'il m'ait été donné de prendre en Turquie. Jugez-en plutôt : pain, fromage (deux sortes), tomates, concombres, charcuterie, pastèque, olives (quatre sortes), confiture, beurre et oeufs, sans oublier le thé et le café, le tout à volonté !
Le petit-déjeuner à la Maison des Enseignants.
C'est donc l'estomac plein que j'aborde la visite de la ville, à commencer par la citadelle. Construite sur une des collines qui dominent la ville au XIe siècle par l'Empereur byzantin Isaac Ier Comnène, elle a été conquise d'abord par les Seldjoukides (fin XIe siècle) venant de Perse, puis par les Danishmendides (début XIIe siècle) originaires également de Perse, puis par les Mongols (milieu XIIIe siècle) et enfin par les Ottomans (milieu XVe siècle). Aussi, ne faut-il pas s'étonner aujourd'hui de n'y trouver que des ruines. Les Ottomans avaient pourtant reconstruit les quinze tours et bastions mais le tremblement de terre de 1943 a donné le coup de grâce.
La rampe d'accès et les remparts de la citadelle.
On y accède rapidement depuis le centre. Une fois la première porte passée, on se trouve dans la basse-cour.
La citadelle dominant la ville.
On monte encore et de là-haut, la vue sur les toits de tuile des maisons ottomanes de la vieille ville se révèle magnifique mais il n'y pas de rampe de sécurité aussi mieux vaut-il regarder où l'on met les pieds...
La vue depuis la citadelle.
Dans le quartier historique de la ville, la mosquée Nasrullah mérite qu'on s'y attarde.
La mosquée Nasrullah (1506) et au loin, la citadelle (XIe siècle).
Avec son double dôme et ses dix-huit arches, la fontaine aux ablutions, juste devant la mosquée, est une merveille d'élégance.
La fontaine de la mosquée Nasrullah (1752).
Les arches de la fontaine.
J'observe les enfants jouer autour de la fontaine. Après avoir bu, ils s'amusent à s'arroser comme le ferait n'importe quel enfant du monde.
La double fontaine (1506).
La double fontaine, elle, date de la même époque que la mosquée. Une légende dit que si l'on boit l'eau de cette fontaine, on reviendra sept fois à Kastamonu ou on s'y installera dans les sept années à venir. Je n'ose pas tremper mes lèvres dans l'écuelle commune... Ce n'est pas le Docteur Pasteur qui m'en tiendra rigueur.
L'écuelle de la fontaine.
Je ne bois pas l'eau du robinet non plus. La turista viendra bien assez vite, pas besoin de la provoquer...
La fontaine aux ablutions de l'école coranique Munire.
Dans la mosquée qui est, aujourd'hui encore, la plus grande de la ville, j'admire la riche décoration que l'on doit à un artiste local du début du XVIe siècle..
La salle de prière de la mosquée Nasrullah.
C'est dans cette mosquée que le poète national turc Mehmet Akif Ersoy donna un prêche en faveur de la Guerre d'Indépendance (1919-1923).
Le minbar de la mosquée ou chaire à prêcher.
Il fut aussi le créateur de l'hymne national turc et le lut ici-même pour la première fois après son adoption par l'Assemblée Nationale turque.
La chaire à prêcher plus contemporaine mais néanmoins joliment sculptée.
C'est aussi à Kastamonu qu'eut lieu en 1925 la révolution du code vestimentaire. Atatürk décida l'abandon du fez traditionnel, à caractère trop religieux et donc en contradiction avec l'Etat laïc qu'il voulait instaurer, au profit de la casquette... française ! Etonnant, non ?
Un ancien arborant encore fièrement la casquette.
Un grand merci à ce monsieur qui s'est gentiment prêté à la photo !