Je quitte Doğubayazıt pour me rendre à Van au Sud-Ouest, à environ trois heures de route.
La carte de la Turquie avec Van en point de mire.
Après une centaine de kilomètres, la route atteint les rives du lac de Van. De l'eau ! Enfin de l'eau ! Après avoir traversé plusieurs centaines de kilomètres de désert et de steppe, me voilà arrivé à cet immense lac qui a toute les apparences d'une mer. Non seulement il est salé, à cause de ses origines volcaniques, mais avec ses 3755 km2, presque sept fois le lac Léman, il constitue la plus grande réserve d'eau de toute la Turquie.
Le lac de Van entouré de montagnes.
L'eau étant propre (peu de pollution industrielle) et d'une température très agréable en été, on aurait pu imaginer que les villes construites alentours en tirent profit. Il n'en est rien. Le tourisme dans la région en est à ses balbutiements et les activités nautiques sont quasi-inexistantes. Ainsi, les rives du lac sont vouées à l'agriculture pour le plus grand plaisir des amoureux de la nature...
Le lac de Van.
Bâtie à 4 km de ses rives, la ville de Van a volontairement tourné le dos au lac. Reconstruite au lendemain de la Première Guerre mondiale, elle est moderne et n'a que peu d'intérêt. Les œuvres architecturales ottomanes et arméniennes n'ont pas survécu au conflit. Si l'on vient ici, c'est pour visiter la citadelle (Van kalesi).
La citadelle de Van.
Située sur un promontoire rocheux, elle fut érigée par Sarduri 1er, roi de l'Urartu au IXe siècle av. J.-C., un territoire établi autour du lac de Van.
Les remparts de la citadelle.
Ce qui frappe, en dehors du site lui-même, c'est le matériau de construction utilisé. Si les remparts sont constitués d'énormes blocs de pierre, le donjon, qui prend appui sur le rocher, lui, semble fait de boue séchée et de traverses de bois. Comment a-t-il pu traverser les siècles et parvenir jusqu'à nous ? Mystère...
La rampe d'accès et le donjon.
Une fois en haut, on découvre un magnifique panorama portant jusqu'aux Monts Erek (Erek Dağı) dont les sommets dépassent les 3000 mètres.
Les fortifications avec au loin, la nouvelle ville et les Monts Erek.
Pour optimiser l'espace sur des surfaces aussi exigües, les Urartéens étaient passés maîtres dans l’art de creuser des pièces dans la roche même. Ainsi, sur le site, on a retrouvé une étable creusée dans le rocher.
La citadelle, côté Nord.
Tout là-haut, le sentier au bord de la falaise est impressionnant. J'avance avec précaution. La vue est splendide. Juste en contrebas, se trouve le site de Tushpa, la ville ancienne, aujourd'hui disparue.
L'impressionnante falaise, côté Sud.
La Tour de Sarduri (Sardur Burcu), vieille de presque 3000 ans, est toujours debout. Elle présente plusieurs inscriptions cunéiformes, en syriaque, qui chantent les louanges du roi Sarduri 1er.
La Tour de Sarduri (840-830 av.J.-C.).
Nous sommes en début de soirée et la lumière du soleil, filtrée par les nuages, donne des couleurs très douces au paysage. Je m'assois et admire cette immense étendue d'eau pendant un long moment, je me sens bien.