Située dans le Sud de la Turquie à proximité de la frontière syrienne et irakienne, la ville de Midyat est au coeur d'une région quasi-désertique. La chaleur y est accablante l'été et je regrette déjà le lac de Van et ses montagnes...
La carte de la Turquie avec Midyat en point de mire.
Le site n'a rien de particulier mais la vieille ville avec ses ruelles étroites bordées de maisons en grès couleur miel mérite néanmoins une visite.
Les toits plats de la vieille ville de Midyat.
Un jeune garçon, désireux de se faire un peu d'argent de poche, m'invite à le suivre dans le dédale des rues. Je découvre tour à tour une vieille église, une ancienne maison bourgeoise et un caravansérail. Le contraste entre l'ocre de la pierre et le bleu du ciel est saisissant.
Le Gelüşke Hanı, caravansérail magnifiquement restauré.
La maison bourgeoise, quant à elle, a été transformée en musée et vaut vraiment le coup d'oeil. De la cour intérieure, un escalier ouvragé mène aux appartements luxueux des premier, second et troisième étages.
La maison bourgeoise Konuk Evi vue de la cour intérieure.
Le balcon et les fenêtres sculptés avec finesse montrent le goût de l'ancien propriétaire pour les belles choses et surtout l'importance de sa bourse !
Détail de la façade de la maison.
Midyat est au centre d'une enclave chrétienne vieille de plusieurs siècles. La ville compte neuf églises syriaques orthodoxes (croyance en la nature exclusivement divine du Christ) dont quatre assurent encore un office régulier. Certaines églises ont été abandonnées après l'émigration d'une grande partie de la population chrétienne suite aux persécutions subies au début du XXe siècle (génocide de 1915 notamment) et de ces dernières décennies. Rien d'étonnant à ce qu'on trouve désormais leurs églises protégées par de hauts murs.
L'entrée d'une église syriaque orthodoxe.
Même encore aujourd'hui, les chrétiens de Midyat (seulement 10% de la population actuelle contre 80% dans les années 60) ne sont pas toujours bien acceptés par la population locale, aussi les églises sont-elles gardées de jour comme de nuit et leur entrée unique surveillée. D'ailleurs, je sens une certaine méfiance lorsque je pénètre dans la cour intérieure et je dois attendre qu'un adulte aille chercher la clé pour ouvrir la porte de l'église.
Détail du portail d'entrée avec une croix tréflée et une inscription en syriaque, un très ancien dialecte araméen utilisé par les chrétiens de Haute-Mésopotamie.
Je serai accompagné pendant tout le temps de la visite et c'est non sans réticence qu'on me laissera prendre des photos.
La nef de l'église et ses voûtes en plein cintre.
Comme je marche vers le choeur, j'admire la riche décoration de l'abside qui contraste avec la sobriété de l'architecture de l'édifice.
L'autel de l'abside sous la voûte céleste représentée par des étoiles d'or.
Au centre de l'autel, la croix pattée de l'église orthodoxe syriaque.
Sur le lutrin, une bible dont la couverture en étain attire mon attention.
Les douze apôtres avec au centre la Cène et la Résurrection du Christ.
Sur les murs, des fresques et des tentures égayent les murs blancs tandis que les niches du transept sont elles aussi richement décorées.
Les fonds baptismaux sous une voûte du transept ornée de croix pattées.
Sur un des piliers de la nef, une petite niche abrite une icône minuscule mais remarquable par la qualité des détails.
L'icône de la Vierge à l'enfant.
Je glisse une pièce dans la main de l'enfant qui m'aura accompagné cet après-midi-là et lui sais gré de m'avoir fait découvrir quelques coins et recoins de la vieille ville de Midyat. Rien d'extraordinaire, certes, mais j'ai toujours été sensible aux trésors cachés et cette icône de la Vierge à l'enfant dans cette église protégée par de hauts murs de pierre en fait partie...