Pour se rendre à Tatvan depuis Van, on peut prendre le bateau qui traverse le lac d'Est en Ouest, soit une centaine de kilomètres. Mais pour une question de temps, j'opte pour le bus qui contourne le lac par le Sud. Sur la route, on rencontre de nouveau un barrage militaire. Comme au Mont Ararat, on nous demande nos papiers. Et c'est reparti pour un quart d'heure d'attente. C'est la deuxième fois que je me fais contrôler et le cinquième checkpoint militaire depuis Kars...
La carte de la Turquie avec Tatvan en point de mire.
Depuis quelques jours, je subis une gastro-entérite que je ne parviens pas à enrayer. Les comprimés d'immodium n'apportant aucune amélioration, il me faut me soigner autrement. Je me rends donc à l'hôpital de Tatvan pour y trouver un médecin. Après consultation, le médecin me prescrit une injection de glucose par intraveineuse (nécessaire seulement en cas de déshydratation extrême). En fait, je ne comprends pas grand chose à ce qu'il me raconte, vu que son anglais est limité, mais je décide de lui faire confiance. C'est comme ça que je me retrouve allongé sur un lit d'hôpital pendant une heure et demie avec une aiguille dans le bras...
Le goutte-à-goutte à l'hôpital de Tatvan.
La ville de Tatvan n'est pas plus tournée vers l'eau que sa voisine Van. Et si les rives du lac ne sont pas aussi éloignées du centre-ville, ce n'est pas pour autant qu'on y a aménagé une plage.
Tatvan sur les rives du lac de Van avec au loin, le Mont Nemrut.
L'attraction de la ville, quoique très peu connue (y compris des Turcs eux-mêmes), c'est le Mont Nemrut (Nemrut Dağı), un volcan endormi dont la dernière éruption remonterait à 1597. Du haut de ses 3050 m d'altitude, il domine la ville de Tatvan et le lac dont il est à l'origine.
La ville de Tatvan et le lac de Van.
Dans le minibus qui nous emmène au cratère, nous sommes huit touristes : un couple de Français, un Anglais, un couple de Polonais et leurs deux enfants, et moi-même. La montée est rude et, avec la chaleur ambiante, notre véhicule a bien du mal à grimper. Il faut nous arrêter deux fois en cours de route pour laisser refroidir le moteur...
Le minibus à l'arrêt près de la crête du cratère.
Une fois sur la crête du cratère, on découvre une gigantesque caldeira (littéralement "chaudron" en portugais) elliptique occupée par un lac, le lac Nemrut (Nemrut Gölü). Avec un cratère de 8 km de diamètre, le Nemrut constitue le plus grand volcan de la Turquie et le quinzième plus grand volcan du monde. Il est tellement immense que je ne parviens pas à faire une photo d'ensemble malgré le grand angle dont je dispose.
Une partie de la caldeira avec au fond, le lac Nemrut.
Après avoir pris le temps d'admirer ce paysage insolite, nous descendons dans le fond de la caldeira par un chemin de terre impressionnant qui semble accroché au flanc du volcan.
Le chemin d’accès au cratère.
La descente dans le fond du cratère.
Ce n'est pas un lac mais cinq qui se sont formés au fond du cratère, tous très différents. On y trouve un lac de forme allongée et peu profond.
Le lac "gris".
Un autre de petite taille mais très profond (plus d'un kilomètre).
Le lac "noir".
L'un d'entre eux est vraiment très particulier. Outre sa couleur d'un vert émeraude, il est alimenté par une source d'eau chaude à 60° C qui témoigne d'une activité volcanique encore bien présente.
Le lac "vert".
La végétation a su s'adapter et des herbes hautes ont colonisé la rive du lac où se trouve la source d'eau chaude. C'est là que la famille polonaise s'amuse à marcher sur les pierres en évitant de mettre un pied dans l'eau. Un faux-pas et, à cette température, c'est la brûlure assurée...
La famille polonaise testant l'eau du lac.
L'Anglais s'est assis au bord du lac et, inspiré par l'endroit, trace une esquisse du paysage sur son journal de bord tandis que je fais quelques clichés du site. Le couple de Français, lui, préfère quitter le groupe et continuer le chemin à pied pour découvrir les lacs à leur rythme.
Le lac "vert".
Il est bientôt l'heure de pique-niquer. On remonte dans le véhicule pour se rendre sur la rive opposée du lac. On rejoint un ami de notre guide sous une sorte d'abri, constitué de bâches, très utile à cette altitude pour se protéger des rayons ardents du soleil. Tout le monde partage qui, un morceau de pain, qui, un melon et l'ambiance est des plus agréables.
Pique-nique au bord du lac "vert".
Des hippies se sont installés à quelques pas de là sous un abri tout aussi sommaire que le nôtre. Il semble qu'ils passent une partie de l'été ici, profitant pleinement de la nature.
L'après-midi est consacré à la balade à pied. J'en profite pour rejoindre le lac Nemrut. La falaise qui confère à la caldeira sa structure impressionnante, atteint ici les 800 mètres de hauteur.
Le lac Nemrut au pied de la falaise.
Quelques Turcs s'y sont donné rendez-vous. Ils viennent en famille pour pique-niquer, se baigner et bien sûr, profiter de la beauté du site.
Une eau claire qui incite à la baignade.
Une seule embarcation est présente sur le lac, celle d'un modeste pêcheur qui doit venir à la belle saison.
Un bateau de pêcheur sur les rives du lac Nemrut.
Car le reste de l'année, le cratère est sous la neige et l'accès en est rendu impossible. Il faut attendre le mois de mai, et la fonte des neiges, pour pouvoir en profiter de nouveau.
Le cratère du Nemrut à la fonte des neiges.
L'injection de glucose dans mes veines n'aura finalement pas plus d'effet que l'immodium ou les séances de "chamanisme" (rappelez-vous l'épisode de la Taiwanaise à Doğubayazıt) sur ma gastro-entérite. Il faudra les bons conseils du couple de Polonais (rencontré ce jour-là), dont la femme est médecin, pour trouver le médicament miracle qui en viendra à bout. Le voyage se poursuivra alors dans de bien meilleures conditions.