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1 novembre 2009 7 01 /11 /novembre /2009 17:00


Gaziantep (Antep la victorieuse) doit son nom aux actes de résistance de ses habitants contre les Alliés au lendemain de la Première Guerre mondiale. Les forces franco-italo-britanniques étaient alors présentes sur le territoire turc pour faire appliquer le Traité de Sèvres (1920) qui prévoyait le démantèlement de l'Empire ottoman, la création d'une Arménie indépendante dans le Nord-Est et d'un Kurdistan autonome dans le Sud-Est. Ce traité ne sera finalement jamais ratifié par l'ensemble de ses signataires...


La carte de la Turquie avec Gaziantep en point de mire.


Dans le centre de la ville se dresse le château fondé au VIe siècle et remanié par les Seldjoukides aux XIIe et XIIIe siècles. Il a survécu aux aléas de l'histoire et se présente fièrement sur un tertre qui semble artificiel. Je ne peux malheureusement pas le visiter car il est en cours de restauration.


Le château (VIe-XIIIe siècles).


Je me dirige alors vers le Musée ethnographique Hasan Süzer. J'y trouve quelques stèles dignes d'intérêt comme celle-ci, évoquant le passé polythéiste de la région.


Teshup, dieu de la Foudre, tenant une hache et un trident (750-700 av. J.-C.).


Ou encore celle-là, montrant le roi mésopotamien Antiochos Commagène qui se croyait l'égal des dieux.


Antiochos serrant la main d'Apollon (60-40 av. J.-C.).


Une autre stèle témoigne du passé chrétien de l'Anatolie à l'époque byzantine.


Deux moines chrétiens (IIe siècle).


Le Musée archéologique, lui, abrite quelques-unes des plus belles mosaïques au monde. Parmi celles-ci, un visage énigmatique. Certains ont cru reconnaître le portrait d'Alexandre le Grand, d'autres, celui de Gaïa, une déesse identifiée à la Terre-Mère. En attendant une preuve tangible, on l'appelle tout simplement "La Bohémienne" à cause de sa coiffe et de ses cheveux désordonnés.


"La Bohémienne" (IIe siècle).


D'autres mosaïques se distinguent par leur composition et leurs couleurs. Beaucoup sont miraculeusement intactes.


Achille envoyé à la guerre de Troie par Odyssée (fin IIe siècle).


On y trouve des scènes de la mythologie grecque nous renvoyant à notre propre histoire. Ici, Europa, en se laissant séduire par Zeus, le dieu des Dieux, gagnera la célébrité éternelle en donnant son nom à un continent.


Zeus, sous les traits d'un taureau, emportant Europa sur son dos (IIe-IIIe siècles).


Toutes ces mosaïques proviennent de Zeugma, une cité antique construite sur les rives de l'Euphrate, non loin d'ici. Alors que le site est menacé par la construction du barrage de Birecik en 1995, des fouilles sont entreprises d'urgence. Elles vont permettre de mettre au jour de nombreux bâtiments importants (temples, théâtre, nécropole) et de grandes demeures romaines.


Aphrodite traversant la mer à bord d'une coquille d'huître (fin IIe-début IIIe siècle).


Les archéologues, conscients de l'intérêt exceptionnel des peintures murales et des mosaïques découvertes sur place,
 les prélèvent pour les mettre à l'abri dans le musée archéologique de Gaziantep et se dépêchent de protéger le site avant la mise en eau du barrage en l'an 2000.


Océan et son épouse Téthys, deux divinités marines (IIe-IIIe siècles).


Malheureusement, quelques années plus tard, lors de la première vidange du réservoir, ils ne pourront que constater les dégâts. Le site, malgré les précautions prises, a grandement souffert de l'inondation et est quasiment détruit. Il nous reste seulement ces quelques chefs-d'oeuvre...


Euphrate, dieu des Rivières (IIe-IIIe siècles).


Dans le quartier du bazar, je m'arrête devant un fırın (four) dont les pide, sorte de pains plats qui se consomment nature ou garnis, me paraissent délicieux.


Les pide sortant du four.


On m'invite à l'intérieur et on m'offre le thé. J'ai alors tout le loisir de regarder les mitrons en train de travailler la pâte.


L'artisan-boulanger et ses mitrons au travail.


Tandis que j'observe l'artisan-boulanger, je le vois cracher dans le four. Il m'explique que c'est juste pour vérifier qu'il est à bonne température ! Ah bon...


L'artisan-boulanger devant son four à pain.


Gaziantep est la capitale de la pistache (12 % de la production mondiale vient de Turquie). A ce titre, on y trouve les meilleurs desserts à base de pistache qui soient. Ici, du kadayıf, une pâtisserie dont la pâte, très fine, ressemble à des cheveux d’ange.


La préparation du kadayıf.


Est-il nécessaire de préciser combien c'est délicieux ?


Le kadayıf sortant du four.


Les baklavas de Gaziantep sont également exceptionnels et que dire de la glace à la pistache ? C'est certain, si vous passez à Gaziantep, votre estomac vous en sera éternellement reconnaissant...

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commentaires

T
je connais bien les pâtisseries, au Liban l'Empire Ottoman a laissé ses traces dans le domaine des douceurs; mais je vois que vous avez râté le thé au pistache; a découvrir lorsque j'irais l!a-bas.
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S
Salut-Hubert,<br /> <br /> Je cherche une illustration de Teshup pour un livre que j'écris et j'ai trouvé ce via google. Serait-il possible d'obtenir la permission de l'utiliser?<br /> <br /> Je vous remercie beaucoup!
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H
<br /> <br /> Bonjour,<br /> <br /> <br /> C’est si gentiment demandé que je vous envoie la photo originale sur votre boîte mail. Elle sera de bien meilleure qualité que celle du blog.<br /> <br /> <br /> Bonnes recherches pour votre livre,<br /> <br /> <br /> Amicalement,<br /> <br /> <br /> Hubert Longépé<br /> <br /> <br /> <br />
N
<br /> Gaziantep est, au même titre qu'Antioche, un des haut-lieux de la gastronomie turque. Dommage que tu n'aies pas goûté un kebap à la pistache ou un ali nazık chez Imam Cağdaş, institution de la<br /> ville !<br /> <br /> <br />
Répondre
H
<br /> Un kebap à la pistache ? Tiens donc ! Si j'avais su...<br /> <br /> <br />