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4 mars 2009 3 04 /03 /mars /2009 13:10

 

Le chauffeur du bus qui nous conduit d'Erzincan à Trabzon cumule les erreurs. Tout commence par un accrochage avec un taxi sur le parking de la gare routière au moment du départ. Ensuite, c'est un stop brûlé, le franchissement d'une ligne continue, un dépassement en côte et des excès de vitesse. De surcroît, il fume (interdit dans les bus de transport public) et téléphone au volant. La fin du trajet est pénible. Il fait nuit, il pleut et un brouillard épais s'est abattu sur la montagne. Soudain, les essuie-glaces se bloquent. Le chauffeur décide de s'arrêter pour réparer en plein milieu de la chaussée alors que la visibilité est nulle...  Parti le matin même de Divriği, j'arrive à Trabzon tard et complètement exténué.

  

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La carte de la Turquie avec Trabzon en point de mire.

 

 

Qu'est devenue l'ancienne Trébizonde ? Suite à la prise de Constantinople en 1204 par les Croisés, la famille impériale est obligée de se réfugier sur les bords de la mer Noire et y fonde un nouvel empire dont le rayonnement économique et culturel va durer jusqu'en 1461, date de sa conquête par les Ottomans. Aujourd'hui Trabzon est le port turc le plus important de la mer Noire. On y fait commerce avec la Géorgie, l'Arménie, l'Azerbaïdjan et l'Iran. La ville s'est développée autour de son port et on peut regretter la disparition de nombreux quartiers historiques.

 

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Les immeubles et la voie rapide longeant la Mer Noire.

 

 

Moi qui me faisais un plaisir de revoir la mer, je suis déçu... Quant au centre-ville, il est très bruyant, particulièrement du côté de la place de la mairie. J'ai compté vingt coups de klaxon par minute, soit un toutes les trois secondes ! Et mieux vaut regarder à deux fois avant de traverser la rue...


Sur le trottoir, des enfants, armés de pèse-personnes, proposent aux passants de se faire peser en échange d'une pièce.

 

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Certains de ces enfants sont si petits...  

 

 

Un peu à l'écart du centre-ville, le musée d'Aya Sofya, une église chrétienne orthodoxe du XIIIe siècle avec son jardin arboré, est un havre de paix. Construite pendant le règne de l'Empereur Manuel Ier Comnène, elle est un magnifique exemple de l'Art post-byzantin. Transformée en mosquée après la conquête ottomane en 1461, utilisée par les russes comme entrepôt de munitions et hôpital militaire pendant la Première  Guerre Mondiale, elle fut restaurée dans les années 1960 et ouverte au public en tant que musée.

  

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L'église Aya Sofya (1238-1263) surplombant la mer.  

 

 

L'édifice, en forme de croix inscrite dans un carré et surmonté d'un dôme, témoigne de l'influence géorgienne. Les niches décorées de figures géométriques sur le porche Ouest témoignent, elles, de l'influence seldjoukide.

 

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Le porche Ouest.

 

 

Sur le porche Sud, on voit une fresque, aujourd'hui endommagée, figurant Adam et Eve chassés du Paradis ainsi qu'un bas-relief représentant un aigle, symbole de la famille Comnène, les fondateurs de l'édifice.

 

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Le porche Sud.

  

 

En entrant, on découvre une très belle nef dont les fresques composent l'essentiel de la décoration.

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La nef de l'église Aya Sofya.

 

 

Dans le choeur, on voit le Christ entouré d'anges.

 


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La fresque du Christ pantocrator (le côté divin de Jésus Christ est mis en valeur). 
 

 

 

Au niveau du dôme, des scènes de la Bible.

 


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Le dôme et une des quatre colonnes de marbre.
 

 

 

Sont représentés, entre autres, la naissance du Christ, son baptême, sa crucifixion et sa résurrection. Comme j'aimerais être à la bonne hauteur pour mieux les apprécier !

 


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Le chemin de croix (en bas à droite) et la crucifixion (en bas à gauche).

 

 

Les photos au flash sont interdites afin de protéger les fresques, mais pourquoi le gardien m'interdit-il l'utilisation du pied d'appareil photo ? Tant pis, je m'en passerai. Comme je sors de l'église, je croise un pope en pleine conversation avec des fidèles.

 


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Le pope en visite.
 

 

De retour dans le centre-ville, je visite le musée qui se trouve dans une villa de 1912 de style italien. On y voit les appartements où a séjourné Atatürk pendant quelques temps, avec la décoration et les meubles d'origine. Dans les autres salles sont exposées de belles collections. Parmi elles, certains objets religieux attirent mon attention.

  

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De splendides icônes russes (XIXe siècle).

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Une croix russe orthodoxe (XIXe siècle).

 

 

On y trouve également des objets de la vie quotidienne.

  

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Une tabatière (XIXe siècle).

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Une montre à gousset émaillée (XIXe siècle).

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Une coiffe d'apparat (XIXe siècle).

 

A défaut de se baigner, on peut toujours s'assoir sur la digue et regarder les bateaux passer au loin. C'est ce que les gens font, notamment à l'heure où le soleil se couche.

 

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Le coucher de soleil sur la mer Noire.

 

 

La ville de Trabzon est assez décevante car elle a sacrifié à la modernité et offre peu d'intérêt hormis son église du XIIIe siècle, son musée et son bazar. Mais la proximité de la Géorgie (à seulement 160 km) fait qu'il y règne une atmosphère particulière ; on y entend parler russe et on peut même voir des enseignes écrites en alphabet cyrillique. De plus, elle constitue une étape nécessaire pour visiter le Monastère de Sumela, situé dans la montagne à une quarantaine de kilomètres de là.

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